Voir ce complet film Merci Patron ! avec sous-titres QHD

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Ma note sur Allociné. 1/20. (BERTRAND GUAY / AFP)

Le succĂšs inattendu de Merci patron ! a Ă©tĂ© analysĂ© de diverses façons. Certains y ont vu un film sur les difficultĂ©s Ă©conomiques en France qui a rĂ©ussi, sans campagne de pub, Ă  rencontrer un public qui s’y est immĂ©diatement reconnu.

Il suffisait d’aller faire un tour Ă  Nuit debout, place de la RĂ©publique Ă  Paris, pour se rendre compte que le documentaire de François Ruffin Ă©tait un des points d’accord, un des acquis partagĂ©s d’un mouvement trĂšs disparate.

Ce n’est pas vraiment l’avis de Bernard Arnault, patron milliardaire et hĂ©ros, Ă  son insu, du film. Un homme prĂ©sentĂ© par l’AFP comme « un jeune actionnaire » a posĂ© la question au dirigeant de LVMH lors de l’assemblĂ©e gĂ©nĂ©rale annuelle du groupe, qui a eu lieu le 14 avril. quel Ă©tait « son avis » sur le film ?

On imagine qu’Ă  ce moment-lĂ , le public d’actionnaires prĂ©sent au Carrousel du Louvre a un peu souri. Certains ont dĂ» mieux se caler dans leurs siĂšges, pour entendre la rĂ©ponse du patron, qui allait sĂ»rement ĂȘtre dĂ©licieuse.

« Il est difficile de donner un avis sur le film car je ne l’ai pas vu », a commencĂ© Bernard Arnault. Et puis il est parti sur un long one man show contre « les observateurs d’extrĂȘme gauche ». « les groupes d’extrĂȘme gauche » , « les petites organisations d’extrĂȘme gauche » qui ont fait ce film et « la presse bien-pensante » « de gauche » qui l’a dĂ©fendu.

Sur papier, ça a l’air trĂšs ironique. On entend presque les rires aprĂšs chaque punchline de Bernard Arnault, qui pĂšse 37 milliards d’euros :

« Depuis de nombreuses annĂ©es, une vingtaine d’annĂ©es, on est l’objet de critiques de la part de groupes d’extrĂȘme gauche. On est habituĂ©s Ă  ce genre de critiques. Le groupe LVMH est l’illustration, l’incarnation de ce que, pour ces observateurs d’extrĂȘme gauche, l’Ă©conomie libĂ©rale produit de pire.

Nous avons tous les dĂ©fauts. d’abord nous sommes une grosse entreprise du CAC 40, nous avons de bons rĂ©sultats, ce qui aggrave notre cas, nous embauchons du personnel, en France en plus et Ă  long terme. C’est Ă©pouvantable. Lorsque je suis arrivĂ© Ă  la tĂȘte du groupe, nous Ă©tions 20 000, et nous sommes 120 000 maintenant. Enfin, nous sommes l’illustration des bienfaits de la mondialisation pour la France, c’est la catastrophe totale.

Nous reprĂ©sentons vraiment le contre-exemple, pour ces petites organisations d’extrĂȘme gauche, qu’il faut, Ă  dĂ©faut d’abattre, critiquer par tous moyens. C’est sans doute en plus, en ce moment, relayĂ© par une presse bien-pensante, de gauche, qui, voyant l’Ă©chec de la politique Ă©conomique traditionnelle de la gauche et le fait que le gouvernement, Ă  juste titre, s’oriente maintenant vers une version libĂ©rale, se jette lĂ -dessus en essayant de mettre en avant ce type de mouvement. »

Pour rappel, voici le billet de notre journaliste « bien-pensant » Ă  propos de ce dangereux film d’extrĂȘme gauche qui « critique par tous moyens » l’entreprise LVMH « Ă  dĂ©faut de l’abattre ».

« Un couple de chĂŽmeurs nordiste, victime des dĂ©localisations menĂ©es par le groupe LVMH et soutenu en sous-main par François Ruffin, dĂ©fait en rase campagne le grand capital Ă  force de ruse matoise et de coups un peu tordus, du moins le temps de cette bataille que raconte le film. C’est infiniment drĂŽle, malhonnĂȘte mais moral, efficace. C’est la rencontre de Karl Marx et de Frank Capra. »

230 000 personnes sont allĂ©es voir Merci Patron ! , cette ode anti-capitaliste qui refuse de reconnaĂźtre les avantages de « l’Ă©conomie libĂ©rale » et « les bienfaits de la mondialisation ». depuis sa sortie le 23 fĂ©vrier.

On vous remet la bande-annonce de cette Ɠuvre extrĂ©miste, au cas oĂč vous auriez ratĂ© les derniers meetings clandestins pour prĂ©parer la rĂ©volution.

Ces blogs, ouverts Ă  tous, du Monde virent au cauchemar Agoravox. un forum occupĂ© par une coalition hĂ©tĂ©roclite RVB (Rouges cocoisants, Verts radicaux, Bruns moustachus façon Peintre viennois) qui ne proposent rien et Ă©talent une sorte de pensĂ©e magique, dans le genre « J’ai rĂȘvĂ©Ă©Ă©Ă© d’un autre mooondeeeeeuh »;

Amusant quelques minutes. Puis l’Homme occidental que je suis retourne Ă  son job de crĂ©ateur des richesses. C’est qu’il faut les nourrir tous ces petits….lol

Pépé la grenouille

Ce doit ĂȘtre tellement agrĂ©able d’avoir cette suffisance de « l’Homme occidental crĂ©ateur de richesse ».

J’en pĂąlis d’envie.

Ces blogs ouverts Ă  tous permettent dĂ©cidĂ©ment au premier venu de gratifier tout le monde de son petit commentaire ironique et condescendant… Ça ne coĂ»te rien et ça rassure idĂ©ologiquement, alors pourquoi s’en priver ?

Se poser en crĂ©ateur de « richesse » sans se donner la peine de dĂ©finir un minimum le terme c’est amusant quelques minutes mais durablement dĂ©solant.

Qui Ă©duque et soigne les salariĂ©s que ce noble pourvoyeur d’emploi daigne nourrir. Que ferait ce noble crĂ©ateur de richesses avec son projet qui « nĂ©cessite d’ĂȘtre plusieurs » sans ces tire-au-flanc ingrats. La richesse dont ce noble entrepreneur prĂ©tend dĂ©tenir le monopole est-elle socialement utile. Par quels mĂ©canismes l’imaginaire de ce noble bienfaiteur Ă©conomique parvient-il Ă  s’imposer au plus grand nombre, jusqu’Ă  lui dicter sa vision du rĂȘve. Les rĂȘves des uns ne peuvent-ils ĂȘtre les cauchemars des autres. Tous les gĂ©nĂ©reux emplois distribuĂ©s par ce noble crĂ©ateur sont-ils moralement irrĂ©prochables. Le mode de vie de cet homme occidental est-il soutenable et gĂ©nĂ©ralisable. Et avec quelles consĂ©quences Ă©ventuelles sur le milieu physique dont dĂ©pend l’ensemble de ses passionnantes activitĂ©s ?

Le job de « crĂ©ateur de richesses » semble peu compatible avec la capacitĂ© de se poser des questions de base. Mais, chut. Laissons cet homme rĂ©ussir sa vie et accumuler ce qu’il a besoin d’accumuler en se prenant pour un modĂšle et en donnant des leçons sur les blogs.

Je ne suis pas un spĂ©cialiste du groupe LVMH mais les propos de Bernard A me semblent mensongers. Si le groupe s’est agrandi au fil des annĂ©es, c’est au prix de nouvelles acquisitions qui ont dĂ©bouchĂ© sur des fermetures d’usines et des licenciements, comme le montre ce documentaire. Et celui-ci montre aussi qu’une infime partie de la production du groupe est encore localisĂ©e en France.

Je me souviens malgrĂ© tout d’un docu sur France TĂ©lĂ©vision qui montrait que discrĂštement certaines parties de la production Ă©tait sous traitĂ© en Roumanie, pour amĂ©liorer les marges sur certains produits « d’entrĂ©e de gamme » qui sont les plus achetĂ©s. Le prix prohibitif n’a plus grand chose Ă  voir aujourd’hui avec le lieu de production, Apple en est le parfait exemple en sous traitant en Asie la production de ses Iphone et en les vendant avec des marges hallucinantes, tout ceci en Ă©vitant de payer des impĂŽts (pour mĂ©moire Apple a un trĂ©sor de guerre de plus de 200 milliards de dollars bien a l’abris du fisc amĂ©ricain)

90% des emplois en France. Peut-ĂȘtre ceux de la holding de tĂȘte… MĂȘme les sacs Vuitton sont piquĂ©s en Inde… La valeur ajoutĂ©e « française », c’est juste la pose de l’Ă©tiquette de la marque !

« 90% des emplois de production du groupe LVMH sont basĂ©s en France » ne peut ĂȘtre qu’un chiffre farfelu sorti de nulle part.
Sur la mode & la maroquinerie certaines maisons sont italiennes et produisent sur place. D’autre part certains vĂȘtements et accessoires ne sont pas produits dans le pays d’origine ou le sont via des sous-traitants dont l’origine de la main d’oeuvre n’est pas garantie (on peut faire fabriquer en France via des sous-traitants dans des ateliers remplis de Roumains ou de Chinois « sans-papier », ça reste « Made in France »).
D’autre part la branche Vins & spiritueux contient de nombreuses marques Ă©trangĂšres fabriquĂ©es dans leurs pays d’origine (whisky Ă©cossais, vins argentins), sans parler des « mousseux » Chandon sur les diffĂ©rents continents.
Donc ce chiffre de 90% des emplois de production en France est complĂštement bidon, sauf Ă  ne retenir que les sacs Vuitton, ce qui est peut-ĂȘtre une simple confusion de votre part.
De toute façon LVMH n’est une entreprise française que virtuellement. C’est avant tout une multinationale dont le capital se dĂ©place en fonction de ses intĂ©rĂȘts fiscaux et stratĂ©giques. S’il n’y avait pas un intĂ©rĂȘt symbolique Ă  vendre du « Made in France » dans le luxe, vous pouvez ĂȘtre certain qu’il ne resterait plus grand-chose de LVMH en France.

Il ne faut pas se faire d’illusions. La rĂ©ussite des « Tycons » du CAC40 s’est toujours faite sur le labeur d’hommes et de femmes rĂ©munĂ©rĂ©s au SMIC et qui ont toujours Ă©tĂ© considĂ©rĂ©s par ces patrons, comme des » comodities » c’est Ă  dire de la matiĂšre premiĂšre, comme l’acier ou l’aluminium, entrant dans la production des biens. Nos patrons ne savent rien sur notre vie car pour eux nous sommes totalement transparents. Ils vivent entre eux, dĂ©jeunent et dinent entre eux et couchent entre eux. Bernard Arnault compris.

Je devine ce qu’il y a dedans. c’est surement rigolo et je suis persuadĂ© que le couple vedette ce sont des gens bien sincĂšres et tout ça. Je dis simplement qu’en France on est tout content quand on se paye un patron et que c’est pas ça qui fait avancer quoi que ce soit. Ces gens qui l’ont piĂ©gĂ© ont droit Ă  notre estime, mais B Arnault aussi. Se complaire comme le fait le journaliste dans cette dĂ©magogie bĂȘlante oui ça, ça m’agace. Et je n’ai aucune obligation d’avoir vu ce film pour penser ça.

Amusant de constater que finalement les Ă©lecteurs frontiste ou de droite « dĂ©complexĂ©e » qui commentent habituellement ici -mĂȘme ont les mĂȘmes indignations et dĂ©nonciations de l’extrĂȘme-gauche (i.e. les « bobos gauchos ») et de la « bien-pensance ».
On voit bien qui se soucie de l’intĂ©rĂȘt des classes populaires et oĂč se trouve l’imposture des porte-paroles auto-proclamĂ©s du « peuple »…

Dans le film, il y a d’autres personnages au moins aussi intĂ©ressants que celui du grand patron :
le commissaire, qui vient dealer avec le couple Klur, qui parle comme un personnage dialoguĂ© par Audiard, cherche le magnĂ©tophone, et croit ĂȘtre Ă  la manƓuvre
le secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral de LVMH, qui fait un bel exercice de langue de bois (normal c’est tournĂ© dans un cafĂ©…) et un numĂ©ro d’intox (mais Ă  intox il y aintox et demi..normal c’est tournĂ© dans un cafĂ©)
Et le manager anglophone de l’usine textile fabriquant les costumes de luxe des marques LVMH en Bulgarie ; et qui annonce, matois, qu’il est dĂ©jĂ  en train d’organiser la prochaine dĂ©localisation, en GrĂšce….

Quand j’ai pris la tĂȘte du groupe nous Ă©tions 20000 et cela me coutait 288 000 000 de salaire, aujourd’hui nous sommes 120000 et cela me coute la mĂȘme somme !
Hahahahaha
Enfin, nous sommes l’illustration des bienfaits de la mondialisation pour la France, nous vendons des portefeuilles au prix d’un mois de SMIC alors que des gens ne mangent mĂȘme pas le soir, c’est la catastrophe totale.
Hahahahaha

et bien si le groupe lvmh a commencer par vutton et dior produisent a plus de 90% en france. Ces employes sont bien payes! ca fait mal pour certains mais cet homme participe a nourrir ma famille et celles de nbx sous traitants!

Et bien il n’a plus qu’Ă  faire donner des cours de Français du soir et on pourra dire que ses sous-traitants (ou aurai-je dĂ» Ă©crire ss-traitant ?) seront devenus français Ă  part entiĂšre (avec un petit f cependant). Quant Ă  nourrir ta famille, est-ce bien raisonnable bĂ©ber. Es-tu certain que ça vaille la peine de te perpĂ©tuer ?

Si vous ne voulez pas dependre de patrons milliardaires ou pas, ne soyez pas salariĂ©s. C’est une question de choix. Apres, si vous trouvez que votre vie de salariĂ© est injuste, changez d’entreprise, de region, de pays. Sinon ne vous plaignez las. Personne n’oblige qq’un a ĂȘtre salariĂ© d’un groupe du CAC40.

On peut effectivement critiquer Bernard Arnault (premiĂšre fortune française, dirigeant et principal actionnaire de Lvmh) pour sa brutalitĂ© et son absence de scrupules, mais on se doit quand mĂȘme de lui accorder le mĂ©rite d’avoir rĂ©ussir Ă  bĂątir, en moins de 20 ans, Ă  partir d’un groupe textile en pleine dĂ©confiture (Boussac St FrĂšres) ce qui est aujourd’hui le leader mondial du luxe. Par ailleurs, il a raison de rappeler que, contrairement Ă  bon nombre de groupes industriels français, l’essentiel de la production du groupe LVMH est encore faite en France. il y a 12 usines Louis Vuitton, 2 usines Guerlain (dont une, flambant neuve, Ă  Chartres), plusieurs usines Christian Dior, des kilomĂštres de vignobles et de caves, et des boutiques de luxe par centaine sur le territoire nationale etc. Donc si des usines ex Boussac ont bien fermĂ© dans le nord, beaucoup d’autres ont Ă©tĂ© construites ailleurs, et çà au moins devrait ĂȘtre portĂ© Ă  son crĂ©dit.