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"Sarajevo, mon amour". l'ex-Yougoslavie et ses blessures de guerre

Le premier long métrage de la réalisatrice Jasmila Zbanic a obtenu l'Ours d'or à la dernière Berlinale.

Le Monde | 19.09.2006 à 17h08 • Mis Ă  jour le 19.09.2006 à 17h08 | Par JĂ©rĂ´me Provençal

L'important travail d'exorcisme que doivent entreprendre les cinéastes d'ex-Yougoslavie, par rapport aux déchirures causées par la guerre, n'en est encore qu'à ses débuts. Toute contribution à ce travail n'est pourtant pas nécessairement opérante. voilà une évidence que vient pesamment entériner Sarajevo, mon amour. Ours d'or à la dernière Berlinale.

Du malheur de toutes les femmes meurtries, directement ou indirectement, par le conflit, Jasmila Zbanic fait le sujet de son premier long métrage, centré sur les rapports tumultueux entre une mère célibataire, Esma, et sa fille de 12 ans, Sara. Entre les deux, les frictions se font de plus en plus fréquentes et le fossé ne cesse de se creuser .

Afin de permettre à Sara de participer à un voyage scolaire, Esma, qui s'acharne vaille que vaille à combler le vide laissé par le père (officiellement mort en héros), se résout à travailler comme serveuse dans une boîte de nuit plutôt glauque. Esquivant l'obligation faite par l'école de produire un certificat de décès du père, Esma va bientôt devoir. face aux réclamations obstinées de Sara, révéler l'atroce vérité qu'elle avait jusqu'alors gardée enfouie.

LE SOUCI DE BIEN FAIRE

Il ne paraît pas concevable de reprocher à Jasmila Zbanic, diplômée de l'Académie d'arts dramatiques de Sarajevo, d'avoir manqué d'ambition en choisissant de se confronter à un récit aux implications multiples, entremêlant les douleurs de la vie quotidienne et les blessures de l'Histoire .

L'ambition dont, sur le papier, témoigne Sarajevo, mon amour ne se retrouve malheureusement pas sur l'écran, faute de moyens cinématographiques appropriés. Sous cet angle, mieux vaut d'ailleurs s'abstenir de faire la comparaison, inévitablement écrasante, avec Hiroshima, mon amour d'Alain Resnais et ne voir dans le titre français du film qu'une simple allusion à la chanson entonnée par les enfants à la toute fin.

Péchant par souci de bien faire, Jasmila Zbanic donne à Sarajevo, mon amour une forme très appliquée, mais également très démonstrative - ce qui transparaît avec netteté dans le dernier quart d'heure, surabondamment chargé de pathos - et, partant, très réductrice. Elle ne propose pas un regard ouvert, mais impose au contraire une vision étriquée, à l'intérieur de laquelle le spectateur peut à bon droit se sentir prisonnier. Aussi grave soit-il, aucun sujet ne se suffit à lui-même. encore faut-il le mettre en scène.

Film croato-bosniaque de Jasmila Zbanic avec Mirjana Karanovic, Luna Mijovic, Leon Lucev. (1 h 30.)